Je me souviens de ma première nuit dans la Selva.
Je me lève dans cette nuit. Et là plein de lucioles volaient au-dessus des arbres, entre les grandes roses tropicales, passaient devant moi dans un balais des plus gracieux et merveilleux.
Personne ne m'avait dit qu'il y avait des lucioles. Je n'avais jamais pensé les rencontrer une nuit. Même si je connaissais bien les vers luisants qui illuminaient les chemins de la fontaine en Broceliande. Comme elles vivent aussi sur les sentiers de Champalarie.
Depuis, il y a comme un rituel. Au retour dans mon tambito, cette cabane de diète dans la forêt, une luciole vient se poser sur ma moustiquaire, pour honorer nos retrouvailles lors de la première nuit.
Comme elles sont toujours présentes lors des cérémonies avec les plantes sacrées, à voler, se poser dans mes cheveux, au sol à mes côtés. Elles sont là pour chacun de nous.
Hier, je pensais à elles. Je revoyais lors de mon dernier séjour, ces lumières si légères et pourtant si prégnantes dans la grande Maloka de Nova Terra, créer des vagues et des flux imperceptibles, sensibles, éclairants.
Je leur demandais de m'enseigner à cette légèreté. L'humanité est tellement lourde de son histoire, de ses histoires, de ses pensées, ses émotions, ses déformations de la vie...
"Comment faites vous pour voler avec harmonie au-dessus de nous, tellement détachées et pourtant tant présentes à nous."
Il y avait un grand silence. Elles ne me répondaient pas. Elle étaient soudain mystérieuses. Elle volaient dans ce silence.
Oui toute la nuit devenait silencieuse dans la Selva qui chante pourtant si intensément l'amour, la vie par sa multitude d'insectes et les rivières et le vent dans les arbres.
(vous pouvez écouter la Selva ICI )
Elle se révèlent. Hier, aujourd'hui, demain.
Avec aucune compréhension, aucune sensation, aucune parole ou écrit, même aucun chant.
Leur beauté, leur grâce, leur légèreté dansante, leur lumière immobile et non vacillante quand elles se posent. Même si elles s'éteignent.
La vie est mystérieuse.
Je vous souhaite une très belle journée.
Présence à la beauté de vie.
Lucille aimée, Champalarie le 23 janvier 2021
PS: Cette photo d'un inconnu n'est pas représentative des scènes que je viens de vous raconter. Il n'y en a pas autant.
Ou quand un autre monde s'ouvre à nous !
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